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Littetsoc
19 octobre 2015

Clair de lune La lune était sereine et jouait sur

 Clair de lune

La lune était sereine et jouait sur les flots. —
La fenêtre enfin libre est  ouverte à la brise,
La sultane regarde, et la mer qui se brise,
Là-bas, d'un flot d'argent brode les noirs îlots.

De ses doigts en vibrant  s'échappe la guitare.
Elle écoute... Un bruit sourd frappe les sourds échos. 
Est-ce un lourd vaisseau turc qui vient des eaux de Cos,
Battant  l'archipel grec de sa rame tartare ?

Sont-ce des cormorans qui plongent  tour à tour,
Et coupent l'eau, qui roule en perles sur leur aile ? 
Est-ce un djinn qui là-haut siffle d'un voix grêle,
Et jette dans la mer  les créneaux de la tour ?

Qui trouble ainsi les flots près du sérail des  femmes ? —
Ni le noir cormoran, sur la vague bercé,
Ni les pierres du  mur, ni le bruit cadencé
Du lourd vaisseau, rampant sur l'onde avec des  rames.

Ce sont des sacs pesants, d'où partent des sanglots.
On  verrait, en sondant la mer qui les promène,
Se mouvoir dans leurs flancs  comme une forme humaine... —
La lune était sereine et jouait sur les  flots.

Victor Hugo, Les Orientales, 1829

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